Résumé du roman " les bouts de bois de DIEU"

Les Bouts de bois de Dieu d’Ousmane Sembène

INTODUCTION

La production romanesque négro africaine reste étroitement liée aux événements historiques du continent. Ainsi, on aura trois périodes pour parcourir cette production. La création romanesque est divisée en trois périodes dont l’apologie de la colonisation, la dénonciation de la colonisation puis la critique de la gestion des indépendances. Ce roman que nous nous proposons d’étudier appartient à la seconde car le romancier a pris comme objectif la dénonciation de l’injustice et de la violence causées par la présence coloniale.

PRESENTATION DE L’AUTEUR

1. Biographie de Sembène
Ousmane 

Sembène est né le 1er janvier 1923 à Ziguinchor. Ses parents sont des Lébous ayant quitté la presqu'île du Cap-Vert pour la Casamance. À partir de 7 ans, il fréquente l’école coranique et l’école française, apprenant à la fois le français et l’arabe, alors que sa langue maternelle est le wolof. Il abandonne l’école primaire et n’a jamais repris les études. En 1942, il est mobilisé par l’armée française et intègre les tirailleurs sénégalais.
En 1946, il embarque clandestinement pour la France et débarque à Marseille, où il vit de différents petits travaux. Il est notamment docker au port de Marseille pendant dix ans. Il adhère à la CGT (Confédération Générale du Travail, Syndicat qui lutte pour les travailleurs) et au Parti communiste français. Il milite contre la guerre en Indochine et pour l’indépendance de l’Algérie.
En 1960, après les indépendances, il rentre en Afrique et commence à penser au cinéma. Avec ses films, Sembène récoltera plusieurs récompenses. Il meurt à l'âge de 84 ans à son domicile à Yoff le 9 juin 2007. Il est inhumé au cimetière musulman de Yoff.

2. Bibliographie et filmographie

La production littéraire de Ousmane Sembène est étroitement lié à sa carrière cinématographie. Beaucoup de ses œuvres littéraires ont été aussi adaptées au cinéma et vice versa. Parmi ces nombreux films on peut retenir :
Borom Sarret (1963), Le Mandat(1968), Emitaï (1971), Xala (1974), Ceddo (1976), Camp de Thiaroye (1987), Guelwaar (1992) et Moolaadé (2003).
Parallèlement à sa production cinématographique, Sembène a aussi donné à la littérature africaine ses œuvres les plus engagées.
Il s’agit entre autres du Docker noir (1956), Ô pays, mon beau peuple (1957) Les Bouts de bois de Dieu (1960), Voltaïque (1962), L'Harmattan, (1964), Le Mandat (1965), Xala (1973), Le Dernier de l'Empire (1981), Niiwam suivi de Taaw (1987), Vehi-Ciosane suivi du Mandat (2000).

 PRESENTATION DU ROMAN

Le Titre

Le roman a été publié en 1960, l'année de l'indépendance de la plupart des Etats francophones. Cependant, les événements racontés se déroulent sous l'ère coloniale.
Le titre, les bouts de bois de Dieux s’explique de manière euphémique par une vieille tradition africaine : en effet, par superstition, on ne compte pas les personnes vivantes, tout comme on n’indique pas le nombre exact d'enfants que l'on a, afin d'éviter que les mauvais esprits n’abrègent leur vie. On les désigne par l'euphémisme "les bouts de bois de Dieu", pour éloigner le mauvais sort. C’est ainsi également que les grévistes dans ce roman se désignent entre eux. Ainsi à la page 301, on peut lire les paroles suivantes : « Ne nous dénombre pas, s'il te plaît, dit Séni en se levant précipitamment, nous sommes des Bouts-de bois-de-Dieu, tu nous ferais mourir. »

Structure du roman

Ce roman, Les Bouts de bois de Dieu, paru en 1960 aux Editions Presse Pocket, est composé de 379 pages structurées en 3 grandes parties :
- 1ère partie : Avant le déclenchement de la grève des cheminots ( page 13 à 48)
- 2ème partie : Le déroulement de la grève (page 49 à 149)
- 3ème partie : Après la grève (page 354 à 379)

Résumé du roman 

L’auteur relate l’histoire de la grève des cheminots de « Dakar Niger qui du 10 octobre 1947 au 19 mars 1948 immobilisa plus de 1500 Kilomètres de lignes. A Bamako, à Dakar et à Thiès les cheminots s’organisèrent pour mener à bien leur luttes. Le récit dévoile les motifs qui ont poussé les cheminots à interrompre le travail durant cinq mois. Ils résultent tous de leur situation de travailleurs noirs Africains. Ils sont désavantagés par rapport aux cheminots Européens qui jouissent de beaucoup plus de privilèges.
Leurs revendications peuvent se résumer en quelques mots : augmentation de salaires, allocations familiales, vacances annuelles, retraites, et droit de créer leur propre syndicat. Mais, c’est à Thiès que les autorités interviennent dès les premiers jours. Thiès est en effet le centre de la régie des chemins de fer et celui de la direction du mouvement ouvrier. Au Mali, la grève est menée par Bakayoko (qui a des ressemblances avec Sembène). Bakayoko soutient moralement les grévistes et les appuie financièrement, au début, grâce aux dons du syndicat communiste français, la CGT.
À partir du moment où les blancs refusent de négocier avec les grévistes, la grève se durcit à telle enseigne que les femmes se sentent obligées d'entrer en scène. Elles soutiennent les hommes et leur demandent de ne pas rompre le mouvement de grève qu’ils ont commencé. Ce mouvement va atteindre son paroxysme avec la marche de protestation des femmes de Thiès à Dakar. Cette marche marque aussi le point fort du roman.
Par cette manifestation, les femmes obligent les Français et leurs complices, dont les chefs religieux et les hommes politiques noirs du pays, à s'asseoir à la table des négociations et à accepter les revendications des grévistes. Aux portes de la capitale, l’une des protagonistes, Penda, s’effondre sous les balles de la police. Son martyr assombrit certes le mouvement de grève, cependant elle motive les grévistes à continuer la lutte. Malgré les multiples interventions de l’administration et les différents obstacles : mort, famine, violence, les cheminots maintiennent leurs revendications.
Finalement, les grévistes obtiennent gain de cause puisque l’administration est prête à engager des pourparlers et qu’elle accepte leurs revendications. Après plusieurs négociations, ils obtinrent satisfaction, c’est-à-dire l’amélioration de leurs conditions de vie.

 LES THEMES PRINCIPAUX

La révolte

Si le sujet du roman porte généralement sur la grève des cheminots, le moteur qui anime les actions des grévistes et de leurs familles est certainement la révolte. En effet, Les Bouts de bois de Dieu retrace la révolte des cheminots qui utilisent comme moyen la grève. La révolte permet également aux grévistes de découvrir ceux qui sont prêts à combattre le système brutal d'oppression pour un idéal de justice et ceux qui cherchent à les démoraliser en essayant de les convaincre que les Blancs sont là par la volonté Divine.

La violence

La grève a eu des conséquences pénibles dans toutes les trois villes (Dakar, Bamako, Thiès). Mais elle fut plus cruelle à Bamako. La vieille Niakoro meurt des sévices des forces de l’ordre, et la petite Adjibidji a été gravement blessée. Fa Keita et Konaté sont arrêtés. Il subissent au camp de Bernandini des tortures atroces pages 164 et p 300. La présence de la violence se matérialise aussi par le meurtre de trois apprentis à Thiès par Isnard.

La famine

La famine s’est installée à Thiès et à Dakar. Mais c’est surtout à Thiès qu’elle fut plus sévère. Alors, on a recours à divers moyens pour survivre. Ainsi, devant la souffrance des enfants, Ramatoulaye n’hésitera pas à tuer de ses propres mains le bélier qui venait de manger le peu de riz qu’elle avait.

La solidarité

 Au sein de la société, il y a un renforcement de la solidarité entre grévistes, et entre hommes et femmes. Cette solidarité sera la seule arme dont disposent les grévistes pour ne pas échouer dans cette lutte. Ainsi, les gens sont prêts à partager le peu d’aliments qu’il leur reste. C’est aussi au nom de cette solidarité entre grévistes que certains critiqueront leurs propres parents défaillant.

La trahison

Diarra, homme aimé et respecté, a néanmoins trahi les grévistes en reprenant le travail. Dénoncé par Hadidia, il est jugé par un tribunal de travailleurs en présence de son fils Sodio, gréviste lui-même. Le roman critique aussi la complicité des chefs religieux et de certains politiciens qui, même s’ils sont des noirs, ils font tout leur possible pour briser la grève.

Discrimination raciale

Les noirs travaillaient dans des conditions pénibles et étaient moins payés que les ouvriers blancs. Ce racisme se retrouve aussi dans le comportement des blancs qui se croient supérieurs aux noirs. Ainsi, ils ont des préjugés défavorables sur les noirs. Ces préjugés se retrouvent dans les propos racistes de Dejean. Refusant de donner des allocations familiales aux noirs, il affirme que : « Dès qu’ils ont de l’argent, c’est pour s’acheter d’autres épouses, et les enfants pullulent comme des fourmis… »

Le féminisme

Avec les marcheuses et la petite Adj’ibibdji, qui symbolisent l'espoir et l'avènement d'une nouvelle ère, Sembène illustre de manière concrète que le processus de l'émancipation féminine avait déjà commencé durant la période coloniale.
La grève a entraîné des changements de comportement chez les femmes : elles surmontent leurs rivalités de femmes et de co-épouses pour un idéal de justice. Soutenues par leurs maris, les femmes de Thiès organisent une marche jusqu’à Dakar, siège de l’administration coloniale. La marche des femmes tout au long des 80 Kms qui séparent Thiès de Dakar est l'un des moments forts du roman. À travers Penda, la prostituée qui dirige le mouvement des femmes ou encore Maïmouna, l'aveugle, l'auteur montre la force que les femmes sont en mesure de déployer lorsqu'elles prennent en mains leur propre destinée. Il campe toute une galerie de femmes qui incarnent chacune ce qu'on pourrait appeler en wolof «Djiguène djou meune goor ».
Leur force se traduit également par la détermination dont elles font preuve et les moyens non-violents comme les chants patriotiques qu'elles utilisent pour se donner du courage.

CONCLUSION

La victoire des grévistes dans Les Bout de bois de Dieu montre un changement au niveau de la condition du nègre et de son état d’homme colonisé. En effet, le roman appartient incontestablement au courant général du réveil des africains au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Il présente surtout un véritable mouvement nationaliste panafricain s’entendant surtout, sur plusieurs fronts dont les groupes moteurs sont : les parties politiques, la formation des jeunes et le rôle des femmes.
Les bouts de bois de Dieu développe donc le thème de la révolte et de la dignité humaine. A notre avis, à travers la victoire des cheminots sur l’administration coloniale, Sembene Ousmane annonce l’avènement d’une nouvelle Afrique.

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